Est-ce la fin?
Dans les 3 premières parties du « journal d’un cancéreux », je relatais dans le premier billet comment cette aventure a débuté lorsque sur le chemin de Compostelle en Espagne en avril 2022, je recevais un appel de mon urologue qui mettait fin à mon périple. Puis dans le 2e billet, le fastidieux dilemme des traitements, dont la prostatectomie robotisée (ablation de la prostate) qui aura eu raison sur les traitements en radiothérapie. Puis en 3e, la période post-opératoire qui s’est soldée par la mauvaise nouvelle d’un retour de cellules cancéreuses et qui m’a amené à passer à l’étape de traitements par radiothérapie couplés de l’hormonothérapie.
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1er février 2023, jour du 33e et dernier traitement en radiothérapie…
Ça peut paraître bizarre, j’ai l’impression que ça va me manquer. Commencé le 12 décembre ces rendez-vous, presque quotidiens avec les technologues en radiothérapie du CHUM, m’ont donné l’impression que j’étais en guerre. Un combat à finir, mais il y a eu aussi ces personnes rencontrées chaque matin, ces professionnelles, également ces patients qui attendaient leur tour ou qui en sortaient, sont pratiquement devenus des personnages d’un roman qu’on ne souhaite pas quitté quand on arrive aux dernières pages.
L’heure des traitements étant la plupart du temps assez tôt, je me suis fait un petit défi de marche aller-retour (9,5 km), de chez moi au CHUM. Un rituel de 2h de marche entrecoupé d’un traitement radio-actif de 20 minutes. On m’avait prévenu que les impacts sur les fonctions urinaires et intestinaux seraient présents, comme la zone visée lors de ces 33 séances, touchaient la partie inférieur de la vessie et atteignaient également les intestins. Mais à ma grande surprise, la fatigue au cumul des traitement n’a pas été aussi forte que prévue.

Bien sûr, il y a eu des petites périodes de fatigues, mais vite dissipées avec une sieste quotidienne. Malgré l’hormonothérapie qui a amené également son lot de bouffées de chaleur durant la nuit, la médication pour dormir prise religieusement durant cette période, m’a permis de faire d’excellentes nuits malgré tout. Je pouvais donc me lever au petit matin pour entamer à l’aube ma route vers le CHUM.
Quelques séances d’acupuncture ont sûrement aidé à me donner un surplus d’énergie pour passer à travers. Compte tenu de toutes les histoires entendues sur la baisse d’énergie venant des traitements en radiothérapie, j’étais agréablement surpris.
J’entrevois la suite maintenant avec une sérénité relative. Certaines personnes diront que je dois vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, puisque des cellules pourront réapparaître dans le radar des prélèvements sanguins que je ferai à tous les 3 mois. Sans savoir quel type de traitement qu’on pourra me faire si c’est le cas, puisque indétectable tant que ce n’est pas une tumeur sur un autre organe. L’hormonothérapie reviendrait sûrement dans ce cas une alternative (ouach!), avec tous ses impacts. Mais vaut mieux ça que de laisser le crabe se développer.
Mais pour l’instant, je vis comme si ces séances en radiothérapie, m’avaient éliminé pour de bon cette bébite. Comme m’a dit Carole Lambert, ma fabuleuse radiooncologue: « on traversera le pont quand on sera rendu à la rivière. Et pensons que l’ensemble des cellules étaient dans le rayon des traitements et qui ne pourront se diviser. »
Dre Lambert a été fantastique dans son suivi hebdomadaire, elle a été à l’écoute avec des conseils, discuté avec moi de la suite sans tabou en toute transparence et en toute sensibilité.
Lors de la dernière partie du journal « d’un cancéreux », j’ai évoqué les débuts de ma nouvelle vie professionnelle que j’embrasse avec ardeur. Je craignais, que les traitements me forceraient à prendre une pause alors que j’étais en plein élan. Les quelques mandats arrivés cet automne et surtout l’avalanche de plusieurs autres qui se dessinent depuis le retour des fêtes, m’ont vraiment stimulé dans mon quotidien. Je me suis même fait une carte d’affaire maison. Bon o.k. je suis d’accord, un peu « cheapo », mais ça a fait la job… Je vais bien finir par mettre un peu de temps et d’argent pour me donner des outils un peu plus professionnels… On verra, disons que je n’avais pas trop la tête à ça récemment!
Évidemment je ne travaille pas présentement 60 heures/semaine, comme à une époque pas si loin derrière. Mais c’est un contexte très valorisant qui doit sûrement être positif pour la guérison. Du moins je tripe comme un p’tit fou et je sens que je peux contribuer, sur un dossier aussi vaste et complexe que l’habitation. La suite de comment je vais m’inscrire dans cet éco système devrait être intéressante pour moi.
Mais pour l’instant nous voici au 1er février, la 33e séance est maintenant derrière moi. Je mets fin à ce petit rituel avec lequel je débutais mes journées depuis la mi-décembre. Une étape de plus qui a été encore une fois un grand apprentissage pour une certaine résilience.
Richard Ryan, 1er février 2023 au matin, à la sortie du CHUM
Pour lire les 3 premiers billets « du journal d’un cancéreux » qui précèdent celui-ci:
Une réponse à “Journal “d’un cancéreux” (4e partie)”
Lâche pas mon ami !
De tout cœur avec toi.
B.
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