Suite à mon expérience politique à la fin de 2021, j’avais pris conscience de l’importance de prendre un temps d’arrêt de mon parcours professionnel, avant cette réorientation vers la vie de consultant en logement abordable. Cette nouvelle passion n’a peut-être pas égalée l’intensité de l’expérience politique des 12 années précédentes, mais demeure jusqu’à aujourd’hui une aventure des plus passionante qui m’amène un bonheur au quotidien. Oui, il y a bel et bien, une vie après la politique !

Je choisissais de prendre une année complète de pause pour cette transition, j’en avais la possibilité économique avec l’allocation à laquelle j’avais droit. Si différents projets se dessinaient au cours de cette année, le choix de faire un chemin de Compostelle (un vrai) était tout désigné pour faire cette coupure et me permettre de passer à autre chose. Je décidai donc de me préparer et partir pour l’Espagne, début avril 2022. J’avais déjà eu quelques expériences de marches pèlerines en Espagne, 2 tronçons sur le classique « Camino francès » de 13 et 14 jours, puis au Québec, 23 jours à l’été 2019 et enfin, celui des îles de la Madeleine, « Les sentiers vents et marées » avec ma douce à l’été 2021.

Si bien qu’au printemps 2022, avec du temps à ma disposition, je pouvais me gâter et faire un projet d’envergure. « Le camino de la Plata », partant de la Séville andalousienne sur une ancienne voie romaine, nous menant à St-Jacques de Compostelle en Galice. Un chemin de 1000 Km sur une soixantaine de jours, ça me faisait saliver!

Les fois où j’évoque « Compostelle » depuis 3 ans, n’est pas sans me rappeler cette date d’avril 2022, alors rendu dans le fond de l’Espagne près de la frontière avec le Portugal. Arrivé à mon auberge dans la ville de Mérida, un appel de Montréal venait mettre fin à ce projet et me détourner du chemin de ma sabbatique que je m’étais dessiné. Mon urologue m’annonçait que j’avais le cancer de la prostate et que le CHUM me prendrait en charge dans les jours suivants.

Après l’ablation de la prostate, les traitements en radiothérapie et en hormonothérapie ainsi que la reprise de la vie professionnelle au cours des mois suivants, les nouveaux projets de marche n’ont pas fait partie de mes plans. Sans doute trop occupé par ma nouvelle passion professionnelle, mais également par les différentes étapes nécessaires pour me débarrasser de cette bébite en moi. Après toute cette période, la prise de poids, l’inertie physique suite aux traitements, l’enlisement dans une certaine nonchalance pour les activités physiques, alors que les mois et les années post-traitements me rapprochent d’une rémission durable, voire une guérison (on se croise les doigts), il est plus que temps pour moi de me remettre en forme.

3 ans plus tard donc, je décide de reprendre la route pour un mini-compostelle québécois, soit celui du Chemin des Outaouais, inspiré des chemins européens qui mènent à la Cathédrale de St-Jacques de Compostelle en Galice. Il y a plusieurs organisations au Québec qui ont démarré des trajets au fil des ans, de ce qu’on appelle des marches longues durées ou des marches pèlerines.

Donc, ce 15 juin pour 12 jours, je ferai ce chemin d’environ 250 Km longeant la rivière des Outaouais, d’Ottawa à Montréal.

L’importance de ces mini-pauses professionnelles

Au delà de la santé physique, il va de soi que dans mon cas, ce type de projet se met en place également pour une raison de santé mentale et là, je fais référence également au besoin de prendre une pause professionnelle de manière préventive, aussi courte soit-elle. Difficile de le voir ainsi quand on est loin d’un burn out ou d’une démotivation professionnelle. Possiblement qu’à l’aube de la soixantaine, les différentes expériences de la vie m’ont apprises cette nécessité de prendre à l’occasion des temps de recul. Et dans mon cas, je sais bien que le chemin en est un bon moyen, même s’il ne nous mène pas toujours à l’endroit où on pensait.

En cette période estivale qui commence, d’autres trouveront sûrement des moyens de prendre un temps d’arrêt à leur image. Mais peu importe, l’importance de mettre sur pause nos activités professionnelles qui occupent tant notre esprit au quotidien est possiblement un gage vers une saine poursuite.

Bon début d’été!

Références:

• Marcher autrement au Québec (site internet – 19 chemins);
• Page FB de la communauté de Marcher autrement au Québec (9400 membres);
• Chemin des Outaouais lien vers le site de l’organisation;
• Quelques livres en références notamment deux de Michel O’Neil ami, chercheur et prof émérite de l’Université Laval en santé communautaire, publique et des populations.